Réponse à la compagnie Ralph Lauren
(envoyée au journal Le Monde le 31 octobre 2013 avec demande de publication au titre du droit de réponse)
"A la suite de la publication de la lettre de la compagnie Ralph Lauren dans Le Monde du 30 octobre 2013, nous, étudiants mobilisés de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, souhaitons rétablir les faits suivants :
Le personnel et les étudiants de l’école des Beaux-Arts de Paris ont étés informés le 2 octobre à 22 heures que les ateliers de l'hôtel de Chimay seraient inaccessibles pendant cinq jours, et ce, dès le surlendemain, en vue de la préparation d’un événement privé Ralph Lauren. Cette fermeture concernait 14 ateliers, soit 16 professeurs et plus de la moitié des étudiants de l’école. Ce n’est que suite à notre manifestation qu’ils n’ont étés fermés qu' un peu plus d'une journée, mais, de fait, le chantier et la pose d’éclairages dans nos ateliers nous ont empêchés de travailler pratiquement une semaine. Prévenus au dernier moment, nous n'avons pas pu déplacer nos œuvres et nous installer dans d'autres espaces de l'école. Nous avons donc étés littéralement délogés.
Par ailleurs, l'amphithéâtre d'honneur sur lequel porte l’investissement de la compagnie Ralph Lauren, construit au XIXe siècle, n’est qu’un élément parmi les nombreux bâtiments qui figurent au patrimoine de l’école (dont les plus anciens datent du XVIIe siècle), et il n’occupe qu’une fonction périphérique dans l’enseignement actuel. De plus, nous invitons qui le souhaite à venir constater qu’il ne tombe absolument pas en ruine. Précisons encore que nous n’avons jamais demandé que le mécénat s'incarne dans des bourses individuelles, et qu’il n'est pas question d'opposer le patrimoine architectural aux intérêts des étudiants, puisqu'il s'agit de nos espaces de travail. Cependant, cet amphithéâtre est loin d'être une priorité, à l'heure où l'eau ruisselle dans certains ateliers à chaque fois qu'il pleut. Mais comme nous l'a fait remarquer l'administration, les "partenaires" ne se montrent pas intéressés par ces travaux "invisibles"; on imagine mal en effet comment la réfection d'une toiture pourrait devenir le support d'une campagne de communication...
Nous arrivons au cœur du problème: si l'on considère la défiscalisation dont cette donation fera l'objet, la "contrepartie de mécénat" accordée par l'administration des Beaux-Arts (mise à disposition d'une grande partie de l'école pendant plusieurs jours), et les recettes liées à la vaste campagne de publicité qui a accompagné cette restauration de l'amphithéâtre d'honneur, force est de constater que nous sommes très loin du geste philanthropique désintéressé suggéré par la compagnie Lauren.
Cela fait apparaître, au passage, des problèmes dans la définition juridique actuelle du mécénat.
Nous déplorons qu'une institution publique d'enseignement soit ainsi mise au service d'intérêts privés (cette réquisition porte autant sur les espaces de l'école que sur son image), et nous réaffirmons notre inquiétude face aux orientations qui semblent être données aux missions de l’école sans concertation avec ses acteurs."
(envoyée au journal Le Monde le 31 octobre 2013 avec demande de publication au titre du droit de réponse)
"A la suite de la publication de la lettre de la compagnie Ralph Lauren dans Le Monde du 30 octobre 2013, nous, étudiants mobilisés de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, souhaitons rétablir les faits suivants :
Le personnel et les étudiants de l’école des Beaux-Arts de Paris ont étés informés le 2 octobre à 22 heures que les ateliers de l'hôtel de Chimay seraient inaccessibles pendant cinq jours, et ce, dès le surlendemain, en vue de la préparation d’un événement privé Ralph Lauren. Cette fermeture concernait 14 ateliers, soit 16 professeurs et plus de la moitié des étudiants de l’école. Ce n’est que suite à notre manifestation qu’ils n’ont étés fermés qu' un peu plus d'une journée, mais, de fait, le chantier et la pose d’éclairages dans nos ateliers nous ont empêchés de travailler pratiquement une semaine. Prévenus au dernier moment, nous n'avons pas pu déplacer nos œuvres et nous installer dans d'autres espaces de l'école. Nous avons donc étés littéralement délogés.
Par ailleurs, l'amphithéâtre d'honneur sur lequel porte l’investissement de la compagnie Ralph Lauren, construit au XIXe siècle, n’est qu’un élément parmi les nombreux bâtiments qui figurent au patrimoine de l’école (dont les plus anciens datent du XVIIe siècle), et il n’occupe qu’une fonction périphérique dans l’enseignement actuel. De plus, nous invitons qui le souhaite à venir constater qu’il ne tombe absolument pas en ruine. Précisons encore que nous n’avons jamais demandé que le mécénat s'incarne dans des bourses individuelles, et qu’il n'est pas question d'opposer le patrimoine architectural aux intérêts des étudiants, puisqu'il s'agit de nos espaces de travail. Cependant, cet amphithéâtre est loin d'être une priorité, à l'heure où l'eau ruisselle dans certains ateliers à chaque fois qu'il pleut. Mais comme nous l'a fait remarquer l'administration, les "partenaires" ne se montrent pas intéressés par ces travaux "invisibles"; on imagine mal en effet comment la réfection d'une toiture pourrait devenir le support d'une campagne de communication...
Nous arrivons au cœur du problème: si l'on considère la défiscalisation dont cette donation fera l'objet, la "contrepartie de mécénat" accordée par l'administration des Beaux-Arts (mise à disposition d'une grande partie de l'école pendant plusieurs jours), et les recettes liées à la vaste campagne de publicité qui a accompagné cette restauration de l'amphithéâtre d'honneur, force est de constater que nous sommes très loin du geste philanthropique désintéressé suggéré par la compagnie Lauren.
Cela fait apparaître, au passage, des problèmes dans la définition juridique actuelle du mécénat.
Nous déplorons qu'une institution publique d'enseignement soit ainsi mise au service d'intérêts privés (cette réquisition porte autant sur les espaces de l'école que sur son image), et nous réaffirmons notre inquiétude face aux orientations qui semblent être données aux missions de l’école sans concertation avec ses acteurs."
Déclaration
(lue lors de la réunion ouverte du 7 octobre 2013 en amphithéâtre d'honneur)
Une note à l’attention des étudiants et du personnel, signée par le directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris a été diffusée le 2 octobre au soir. Cette lettre informait de la fermeture de l’hôtel de Chimay le 4, 8 et 9 octobre (et de perturbations le 7 octobre) pour l’organisation d’un événement privé Ralph Lauren. Des cas d’occupation ponctuelle des espaces ont lieu depuis plusieurs années, mais cette fois une limite était franchie :
Cette fermeture concernait 14 ateliers, soit 16 professeur(e)s et plusieurs centaines d’élèves: plus de la moitié des étudiants de l’école était privée de son espace de travail pendant 5 jours. Détail frappant : l’atelier Tosani était même transformé en vestiaire pour l’occasion. De plus cette fermeture avait lieu en pleine période de préparation des diplômes.
En réaction à l’occupation de nos ateliers en période scolaire, et devant le problème majeur de communication que cet événement a mis en lumière, nous nous sommes massivement mobilisés le vendredi 4 octobre.
Nous tenons à souligner à nouveau que cette mobilisation ne visait pas à remettre en question de manière générale le recours à des partenariats et des mécénats. Ce que nous n’acceptons en aucune manière, c’est que des espaces pédagogiques, en l’occurrence des ateliers, soient occupés de quelque manière que ce soit pendant la période scolaire et les horaires réguliers d’ouverture. Et nous le répétons également, nous sommes révoltés par les méthodes de communication employées par l’administration.
N’ayons eu qu’un seul jour pour réagir, nous rappelons aussi que nous avons été littéralement mis au pied du mur et contraint à entrer dans un rapport de force. Nous déplorons unanimement d’avoir dû recourir à de tels moyens de pression, mais nous n’avions pas le choix, et en conséquence aucune retombée de ces événements nuisible à l’école ne saurait être imputée à autre chose qu’aux décisions prises par la direction sans concertation avec les étudiants.
Les étudiants mobilisés.
(lue lors de la réunion ouverte du 7 octobre 2013 en amphithéâtre d'honneur)
Une note à l’attention des étudiants et du personnel, signée par le directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris a été diffusée le 2 octobre au soir. Cette lettre informait de la fermeture de l’hôtel de Chimay le 4, 8 et 9 octobre (et de perturbations le 7 octobre) pour l’organisation d’un événement privé Ralph Lauren. Des cas d’occupation ponctuelle des espaces ont lieu depuis plusieurs années, mais cette fois une limite était franchie :
Cette fermeture concernait 14 ateliers, soit 16 professeur(e)s et plusieurs centaines d’élèves: plus de la moitié des étudiants de l’école était privée de son espace de travail pendant 5 jours. Détail frappant : l’atelier Tosani était même transformé en vestiaire pour l’occasion. De plus cette fermeture avait lieu en pleine période de préparation des diplômes.
En réaction à l’occupation de nos ateliers en période scolaire, et devant le problème majeur de communication que cet événement a mis en lumière, nous nous sommes massivement mobilisés le vendredi 4 octobre.
Nous tenons à souligner à nouveau que cette mobilisation ne visait pas à remettre en question de manière générale le recours à des partenariats et des mécénats. Ce que nous n’acceptons en aucune manière, c’est que des espaces pédagogiques, en l’occurrence des ateliers, soient occupés de quelque manière que ce soit pendant la période scolaire et les horaires réguliers d’ouverture. Et nous le répétons également, nous sommes révoltés par les méthodes de communication employées par l’administration.
N’ayons eu qu’un seul jour pour réagir, nous rappelons aussi que nous avons été littéralement mis au pied du mur et contraint à entrer dans un rapport de force. Nous déplorons unanimement d’avoir dû recourir à de tels moyens de pression, mais nous n’avions pas le choix, et en conséquence aucune retombée de ces événements nuisible à l’école ne saurait être imputée à autre chose qu’aux décisions prises par la direction sans concertation avec les étudiants.
Les étudiants mobilisés.
Revendications générales des étudiants
(envoyées par mail à l'ensemble des étudiants de l'ENSBA, professeurs et représentants administratifs de l'école le 4.10.2013 à 19h36)
Suite aux événements derniers, et après concertations des étudiants de l’école engagés dans cette cause,
Nous réclamons un texte signé par Nicolas Bourriaud réaffirmant son rôle de directeur d’une école d’art, dont la visée est avant tout pédagogique. Dans ce texte doivent figurer clairement et dans leur intégralité les éléments suivants :
- L’accès complet et l’intégrité de nos espaces de travail pendant les horaires réguliers d’ouverture de l‘école y compris les week-ends et les vacances scolaires. Tous ces espaces, ateliers de pratiques artistiques, ateliers et bases techniques, galeries (quand elles sont réservées par des étudiants ou des professeurs), médiathèque, amphithéâtres, de manière générale et définitive ne doivent plus être occupés ni réquisitionnés sous aucun prétextes d’ordre non pédagogique et pour des événements privés.
Par ailleurs nous demandons une réunion ouverte Lundi 7 octobre en sa présence pour rediscuter des points suivants que nous considérons comme primordiaux.
- L’engagement d’une évolution des méthodes de communication entre administration et étudiants preuve du respect et de la considération de l’ensemble des dirigeants de l’école pour ces derniers.
Nous exigeons donc un changement du fonctionnement de la représentation des étudiants lors du conseil d’administration, avec mise en place de réunions ouvertes, en présence de tous les acteurs de l’école ( étudiants, professeurs, ou toute autre personnes travaillant l’école et désireuse de se tenir informé), ainsi que la concertation préalable aux prises de décisions qui concernent directement la communauté étudiante.
- Une réunion prochaine, dans le but de présenter intégralement les divers plan d’aménagements, de rénovation et de travaux prévus en 2014 et toutes les perturbations qui en découlent.
- Éclairage et concertation sur le projet de restaurant dans l’atelier Vilmouth et ses implications concrètes dans l’organisation des espaces de travail.
Les étudiants de l’école des Beaux-Arts.
(envoyées par mail à l'ensemble des étudiants de l'ENSBA, professeurs et représentants administratifs de l'école le 4.10.2013 à 19h36)
Suite aux événements derniers, et après concertations des étudiants de l’école engagés dans cette cause,
Nous réclamons un texte signé par Nicolas Bourriaud réaffirmant son rôle de directeur d’une école d’art, dont la visée est avant tout pédagogique. Dans ce texte doivent figurer clairement et dans leur intégralité les éléments suivants :
- L’accès complet et l’intégrité de nos espaces de travail pendant les horaires réguliers d’ouverture de l‘école y compris les week-ends et les vacances scolaires. Tous ces espaces, ateliers de pratiques artistiques, ateliers et bases techniques, galeries (quand elles sont réservées par des étudiants ou des professeurs), médiathèque, amphithéâtres, de manière générale et définitive ne doivent plus être occupés ni réquisitionnés sous aucun prétextes d’ordre non pédagogique et pour des événements privés.
Par ailleurs nous demandons une réunion ouverte Lundi 7 octobre en sa présence pour rediscuter des points suivants que nous considérons comme primordiaux.
- L’engagement d’une évolution des méthodes de communication entre administration et étudiants preuve du respect et de la considération de l’ensemble des dirigeants de l’école pour ces derniers.
Nous exigeons donc un changement du fonctionnement de la représentation des étudiants lors du conseil d’administration, avec mise en place de réunions ouvertes, en présence de tous les acteurs de l’école ( étudiants, professeurs, ou toute autre personnes travaillant l’école et désireuse de se tenir informé), ainsi que la concertation préalable aux prises de décisions qui concernent directement la communauté étudiante.
- Une réunion prochaine, dans le but de présenter intégralement les divers plan d’aménagements, de rénovation et de travaux prévus en 2014 et toutes les perturbations qui en découlent.
- Éclairage et concertation sur le projet de restaurant dans l’atelier Vilmouth et ses implications concrètes dans l’organisation des espaces de travail.
Les étudiants de l’école des Beaux-Arts.